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Qu'est-ce qu'EDI ?

8/4/2022

Qu'est-ce qu'EDI ?

#Résumé-svp-pas-le-temps

L'EDI est un transfert de données entre deux ordinateurs et sans intervention humaine, les données étant structurées de manière à respecter un standard commun. La phrase que vous venez de lire est probablement aussi douloureuse qu'une brique de Lego sous un pied nu, pourtant, pourvu qu'on surmonte quelques barrières à l'entrée, l'univers des EDI est un cas d'école idéal pour matérialiser les problématiques associés à l'interopérabilité, à la multiplicité des langages (humain ou informatique) et à l'ambivalence de la donnée "vraie".

EDI, eFTI, quel rapport ?

Avant tout propos quelques acronymes :

  • EDI pour Electronic Data Interchange (Echange de Données Informatisé). Terme de l'informatique d'entreprise qui désigne une technologie qui permet à deux entreprises vont s'échanger des données.
  • EDIFACT pour EDI for Administration, Commerce and Transport. Terme de l'écosystème EDI qui désigne une norme qui définit les règles à respecter en matière de contenu et de syntaxe dans un message EDI (et dans des contextes bien précis)
  • SMDG pour Ship Message Design Group. Terme de l'écosystème des EDI du transport maritime de container qui désigne une organisation à but non lucratif qui s'est donnée pour mandat de rédiger les spécifications de la norme EDIFACT et de les faire valider par l'ONU.
  • UN/CEFACT pour United Nations Centre for Trade Facilitation and Electronic Business. Terme de l'écosystème onusien qui désigne un organe de l'ONU en charge d'établir ou valider les recommandations, les normes ou les spécifications en termes de commerce international et de commerce électronique.

Pourquoi parler EDI, norme EDI et organisations normatives dans ce blog ? Parce que l'interopérabilité que l'eFTI prône est déjà au centre de l'écosystème EDI, et qu'on n'est jamais mieux inspiré que par nos aïeux et nos pairs qui ont parfois réussi et souvent échoué avant nous.

Il en va des talents dans l'industrie comme des clairières à champignons en Béarn ou la vérité en négociation. On a beau connaître le bon coin, on n'est jamais sûr d'en trouver, et on a beau détenir la vérité, on n'est pas à l'abri d'un sophisme qui nous donnera publiquement tort. L'histoire édifiante des standards EDI sera toujours là pour nous rappeler que la bonne solution technique ne sera pas **la** solution si tous les autres paramètres n'y mènent pas. Les autres paramètres sont abondamment listés dans la littérature : coût d'implémentation, facteur humain, courbe d'apprentissage, maturité des organisations, pouvoir des habitudes, "effets de bord" et autres "interfaces", rapports de force sociaux ou politiques, méconnaissance des pratiques opérationnelles, courbe d'apprentissage, masse critique d'utilisateurs, concurrence d'autres technologies, manque de visibilité, de pédagogie, d'ambassadeurs. En tant que technologie, l'EDI est un sujet ancien à l'échelle de l'informatique d'entreprise, mais il est encore prédominant dans les pratiques, on a probablement à en tirer dans les pratiques du présent et du futur. Parole d'Eddy - Philosophe au long cours

Hors d'œuvre : un standard américain

Avant de s'attarder sur l'EDIFACT et le SMDG, faisons une digression au Far West, nourrice de toutes les avant-gardes, surtout lorsqu'il s'agit de dépanner ses cousins européens en pleine guerre froide.

L'EDI, comme pas mal de ses consœurs technologiques, prend racine dans le terreau militaire. Et son émergence remonterait à l'après Seconde guerre mondiale pendant le pont aérien vers Berlin Ouest. Il n'est pas certain que le prochain film de Christopher Nolan sera une ode au Sergent américain Ed Guilbert mais l'anecdote datant de 1948 vaut d'être contée.

Il est urgent de ravitailler la ville, mais qui est affecté au pilotage des avions ? Quelle marchandise est contenue dans quel colis ? Comment suivre le parcours des marchandises ? Ed Guilbert et d'autres officiers ont créé un système de manifeste standard (dans la veine de l'actuel ASN) qui pouvait être transmis par télex, radio télétype ou téléphone. Le tour de force réside dans le fait de gommer la diversité des formats de documents et d'atténuer la barrière de la langue. Avec ce standard, des milliers de tonnes de marchandises ont été livrées chaque jour pendant plus d'un an jusqu'à la réouverture des routes en 1949. Ce qu'on pourrait appeler par anachronisme un premier POC a permis à Guilbert de réexploiter le concept au début des années 60 chez Du Pont Co. Pour échanger des informations avec son transporteur Chemical Leahman Tank Lines. Puis en 1965, Holland-America Steamship Line s'est appuyé sur une procédure à faire pâlir les chantres du RPA :

  • Transmission télex transatlantique
  • Impression sur bandes perforées
  • Importation dans un ordinateur

La pratique s'est répandue comme une traînée de poudre et les grandes entreprises se sont emparées du sujet.
L'horizon est radieux pour ces grandes entreprises en position de prescripteurs et de clients (de flux physique et de données), mais les plus petites entreprises en position de fournisseurs ne sont pas encore outillées et sont à la peine car il faut s'équiper en logiciel coûteux, en infrastructure réseaux (qu'on appelle VAN pour Value Added Network). Il arrive qu'un unique fournisseur doive se conformer à plusieurs standards, parfois un par client. Ce dialogue mélien illustre accessoirement que la pertinence technique d'une solution est une chose, mais que la volonté du marché et de ses "gros joueurs" est probablement encore plus essentielle. La confirmation des effets vertus de la démarche sur l'ensemble du marché nécessite d'aller plus loin dans la démarche.

La justice n'entre en ligne de compte dans le raisonnement des hommes que si les forces sont égales de part et d'autre ; dans le cas contraire, les forts exercent leur pouvoir et les faibles doivent leur céder. Thucydide

Pour faire un pas de plus vers la fluidité, il faudra entre autres la création en 1968 du Transportation Data Coordinating Comittee (TDCC) et l'intervention de Buddy Bass. Leur travail aboutit à la première spécification EDI en 1975 donnant naissance à 45 "transactions sets". Les grandes entreprises de toutes les industries ont emboîté le pas aux pionniers : agroalimentaire en 1977, automobiles début 80, grande distribution, tous avides d'économiser du temps et de l'argent en se débarrassant de la paperasse. Aujourd'hui, l'ASC X12, gouverné par l'ANSI, a succédé au TDCC et on compte à présent plus de 300 transactions sets utilisés dans le giron américain.

Une étude de la Royal Society of Medecine a démontré les bienfaits la lecture de la liste longue comme le bras des transactions sets de l'ASC X12 sur l'insomnie. Il est à noter toutefois que les effets sont nuls sur les experts EDI qui, eux, voient dans ces glyphes ce que le commun des mortels ne peut voir.

Cas d'école : les EDI maritimes

EDIFACT, SMDG

En dehors du périmètre américain, l'EDIFACT et le SMDG sont les clés de voûte de l'univers des EDI maritimes, un univers nimbé de l'aura très années 90 dont certains nostalgiques ne se souviennent qu'une larme à l'œil, les yeux humides à l'évocation d'un internet libre où le fond n'avait pas succombé à la forme et dont voici quelques témoins:
- Le site officiel du SMDG avant sa récente refonte
- Des spécifications techniques des messages sur le site officiel de l'ONU
- Des outils plus ou moins louches dont on se demande ce qu'ils font de nos données
- Des outils antédiluviens qui rendent néanmoins bien des services
- Des outils légendaires auprès des initiés. Tout vessel planner qui se respecte a un jour béni le Capt. Dragan Milatovic pour son programme gratuit de lecture des BAPLIE, utilisé intensivement dans certains ports plus de 10 ans après sa dernière mise à jour.

EDIFACT 101

En 1987, l'ONU et l'ISO reconnaissent l'EDIFACT comme un standard international. Le principe est le suivant : un expéditeur souhaite envoyer une série d'informations à un destinataire. Pour cela, on commence une communication que l'on appellera Interchange (plus souvent qu'intercourse pour des raisons évidentes) et que l'on peut imager comme un tuyau de communication entre les deux interlocuteurs, de manière schématique un tuyau qui permet de s'envoyer des e-mails. Au sein de cet Interchange, l'expéditeur envoie autant d'enveloppes qu'il le souhaite, on les appellera Message et chaque Message peut être vu comme une enveloppe dûment remplie et dans laquelle on glisse le courrier, la lettre ou la carte postale qu'on veut effectivement transmettre : le Body du message. Concrètement, on traduit ces étapes et ces informations dans un "simple" fichier texte (que chacun peut s'amuser à écrire dans le bloc-notes de son système d'exploitation favori) structuré de manière que ce soit optimal pour qu'un système informatique le déchiffrer (le "parser" en bon franglais) mais aussi pour qu'un humain puisse le déchiffrer (le "debugger" si ça lui prend). Chaque ligne est un segment qui commence par 3 caractères (BGM, LOC, DTM…) qui définissent le "sens" de cette ligne. Au sein d'une ligne, on sépare les différentes informations par des + quand elles ne sont pas liées et des : quand elles sont liées entre elles. Chaque segment se termine par un ' (entre autres pour s'assurer que les systèmes informatiques détectent la fin de chaque ligne, le retour à la ligne est bien pratique pour la lisibilité de l'humain, moins adapté pour l'ordinateur). Sur cette base, c'est par exemple le SMDG qui réfléchit à quel message pour quel usage, à la structure des messages, à la codification des données.

Ci-dessous, on tente d'expliciter un message CODECO (Notification d'entrée ou de sortie d'un container dans un terminal par exemple) échangé entre Jimmy Page et Ringo Star il y a peu et qu'on peut résumer textuellement ainsi :

Jimmy Page initie une transaction avec Ringo Star le 19/04/2022, c'est une transaction CODECO Version D, Release number 00B, celle qui est validée par l'ONU et gérée par le SMDG. C'est un message flambant neuf pour notifier que la marchandise pour le booking 800255846 est passée par la guérite d'entrée le 18/04/2022 à 12h12, qu'elle était transportée par Steve Vai dans le PONU4863849, qu'elle pèse 17t, certifié par Jean Ederme PESEE, ce qui est un beau poids pour un bébé de 40 pieds (container ISO 45G1). Le scellé est en bon état, ou alors les fraudeurs sont vraiment de plus en plus doués. Si vous avez besoin d'info en plus on s'appelle, comme d'habitude.

Avec un peu d'habitude, il peut être sain de préférer ce format plus concis (sans les commentaires présents à titre pédagogique).

UNB+UNOA:2+JimmyPage+RingoStar+20220419:1009+030410' -- Interchange début
UNOA:2 est une convention technique

JimmyPage expédie un message à RingoStar le 19/04/2022 à 10h09

030410 est l'identifiant d'interchange répété en fin d'interchange

UNH+241443010001+CODECO:D:00B:UN:SMDG21' -- Message début
241443010001 est l'identifiant de Message

On envoie un CODECO qui respecte la Version D, sous-version 00B de la norme validée par les United Nations (UN) et créée par le SMDG en 2021. C'est ce qui permet à un outil informatique d'appliquer la bonne grille de lecture aux infos qui suivent.

On a ici trois éléments séparés par les +, ce sont trois informations qui vivent indépendamment les unes des autres. Le dernier élément contient des sous-éléments séparés par des :, ces informations sont liées les unes aux autres (On parle d'un CODECO Version D Release 00D approuvé par l'UN et rédigé par le SMDG en 2021, tout ça se tient d'une pièce)

BGM+109+800255846+9' -- Beginning of message
Jimmy envoie à Ringo une première (Code 9) notification d'entrée à la guérite (Code 109) avec comme identifiant 800255846. Si Jimmy veut envoyer une mise à jour ou une correction sur cette entrée, il peut renvoyer un message avec le code 5 (Message de remplacement) au lieu du code 9 (Message original).

DTM+137:202204181212:203' -- Date & Time
Date d'envoi (Code 137) du message au format YYYYMMDDHHMM (Code 203)

RFF+BN:800255846' -- Reference
Numéro de référence d'un booking

RFF+VOR:V00012345’ -- Reference
Numéro de référence au moment de la pesée de la marchandise

NAD+CF+Steve Vai:172:20' - Name & Address
Identification du transporteur (Code 172) selon la codification BIC (Bureau Internation des Conteneurs (Code 20)

NAD+WPA++JEAN-EDERME PESEE:Rue du Molinel:Lefrinckoukhe:France’ -- Name & Address
Identification de l'entité qui a pesé la marchandise

EQD+CN+PONU4863849+45G1:102:5+1+2+5' -- Equipment details
Identification d'un container (CN) via son numéro PONU4863849, mais également du code 4532 dont on nous explique que ça correspond à un code d'identification de type et de taille (Code 102) qui respecte la norme ISO (Code 5). C'est un container fourni par le shipper (Code 1), direction Export (Code 2) et il est plein (Code 5).

MEA+AAE+VGM+KGM:12373' -- Measurement
Le container pèse 12373 kg et la pesée est certifiée VGM

SEL+V0465672+SH+1' -- Seal number
Le plomb du shipper (Code SH) est en bon état (Code 1) et le numéro d'identification est V0465672*

FTX+ABS++SM1:ZZZ:SMD’ -- Free text
Zone de "texte libre" que tout le monde ignore parce que rien n'est uniformisé en règle générale. Fourre-tout un peu malheureux pour mettre des informations complémentaires.

CNT+16:1' -- Control total
On récapitule la quantité d'information dans le message qu'on vient de lire : ici on a 1 container (Code 16) dans le message. On aurait pu faire un total de poids ou autre.

UNT+17+241443010001' -- Message fin
Queue de message qui reprend l'identifiant du segment UNH

UNZ+030410' -- Interchange fin
Queue d'interchange qui reprend l'identifiant du segment UNB

Le voici dans son plus simple appareil :

UNB+UNOA:2+JimmyPage+RingoStar+20220419:1009+030410' -- Interchange début
UNH+241443010001+CODECO:D:00B:UN:SMDG21' -- Message début
BGM+109+800255846+9' -- Beginning of message
DTM+137:202204181212:203' -- Date & Time
RFF+BN:800255846' -- Reference
RFF+VOR:V00012345’ -- Reference
NAD+CF+Steve Vai:172:20' - Name & Address
NAD+WPA++JEAN-EDERME PESEE:Rue du Molinel:Lefrinckoukhe:France’ -- Name & Address
EQD+CN+PONU4863849+45G1:102:5+1+2+5' -- Equipment details
MEA+AAE+VGM+KGM:12373' -- Measurement
SEL+V0465672+SH+1' -- Seal number
FTX+ABS++SM1:ZZZ:SMD’ -- Free text
CNT+16:1' -- Control total
UNT+17+241443010001' -- Message fin
UNZ+030410' -- Interchange fin

Un message EDIFACT est rarement beaucoup plus complexe, mais ça ne présage rien de tout ce qui découle des informations transmises. Un tel CODECO sera pour certains acteurs et responsables de la marchandise la seule source d'information pour connaître le poids VGM d'une marchandise et sa date d'entrée dans un port par exemple. Avec d'autres messages comme le COPRAR (Confirmation de liste de chargement à bord d'un navire), c'est tout le plan de chargement du navire qui en découle, et toute l'organisation d'un terminal à conteneurs pour l'escale à venir (avec ce que ça implique de recherche de conteneurs, réconciliation entre ce qui est effectivement en possession du terminal et ce qui ne l'est pas, erreur de numérotation etc.).

Il est des génies dont la gloire résonne unanimement dans les plaines de la connaissance : Socrate, Louis Pasteur, Albert Einstein. Il existe d'autres esprits à peine moins singuliers dont la postérité est assurée mais parfois polémique : Diogène, Thomas Edison, Steve Jobs. Et puis il y a les inventeurs obscurs, les créateurs de l'ombre : Ed Wood, Jonathan Sifflé-Ceutrin ou, celui qui nous intéresse, le SMDG. Ce sont des gens qui doutent mais qui agissent humblement, avec passion et dévouement, sans imaginer que parfois, le fruit de leur travail a une répercussion hors du commun, à savoir la création du seul standard EDI déployé internationalement. En tant que standard, l'EDIFACT souffle un vent de pragmatisme efficace bien que pas exempt de défaut. En tant qu'organisation, le SMDG incarne un frêle esquif déterminé, travailleur et constant dans ses efforts (il paraît que ça paye). Jean-Jacques Codeman - Divulgacheur de l'EDI de Nantes

L'impossibilité du MIG

EDIFACT et ASC X12 sont nécessaires, leur coexistence est probablement inévitable pour gérer les différences au niveau international, notamment dans les douanes et le transport. L'harmonisation a ses limites, sans quoi on tombe dans l'écueil de tout aplanir et de tout niveler à outrance. Après tout, pourquoi les revendications identitaires épargneraient-elles les milieux technologiques ? Et peut-on raisonnablement bafouer les spécificités locales sans vergogne sous prétexte d'une optimisation à outrance au service de la mondialisation galopante ? Plus sérieusement, la position du curseur de la standardisation est un sujet capital et complexe, car à tout standard son interprétation, et à chacun sa vérité.

Dès les années 70, le potentiel est pleinement identifié : transmission de l'information dans des délais imbattables, fiabilisation sans précédent de la saisie des données et réduction des interventions humaines (et les vertus sécuritaires que ça peut générer) : l'Eden. Mais c'est sans compter que, paradoxalement, l'incommunicabilité des systèmes informatiques rejoint parfois celle des hommes, et le chemin vers la fluidité des échanges est semé d'embûches. On tente de lever les obstacles à grand renfort de référentiel, de standardisation ou d'harmonisation, autant de termes qui désignent toujours la même chose : faire en sorte qu'on se comprenne. L'un des gros mots qu'on entend souvent : MIG pour Message Implementation Guideline. À chaque message son MIG, ou plutôt ses MIG.

Sur le papier, tout est écrit, et si tout est écrit, tout est clair, n'est-ce pas ? Non. La norme a beau être unique, les interprétations varient et chaque acteur possède une implémentation. Pour un message donné, les variations restent faibles, mais chaque variation apporte son lot d'ajustement dans les systèmes informatiques. Résultat, le syndrome "Un standard par client" reste assez indécrottable, surtout lorsque les clients sont des consortiums gigantesques qui ne souffrent d'aucune négociation en matière d'implémentation de leurs spécifications.

  • Un message par conteneur ou plusieurs conteneurs dans un message ?
  • Le port de chargement est-il transmis derrière le code 9 ou 11 ?
  • Lorsqu'il existe plusieurs terminaux pour un même UNLOC code, quelle est la syntaxe à appliquer ?
  • Lorsque deux terminaux dans deux pays différents ont le même code terminal et que mon destinataire n'ingère pas l'UNLOC code associé pour les distinguer, comment on résout l'ambiguïté ? (TICT)
  • J'ai beau savoir que le code 172 correspond aux codes d'identification des transporteurs selon le BIC, ça ne me dit pas comment je traduis ER-72BJ-ZZ dans la base de données de MON logiciel.
  • En tant qu'opérateur de terminal, j'ai beau estimé que c'est à l'opérateur du navire de transmettre un COPRAR consolidé, si la pratique locale veut que chaque slotter envoie sa propre liste de charge, c'est à moi de faire le travail de consolidation

SMDG mais pas que

Parmi les organismes dont l'activité est intimement liée au travail du SMDG, on peut citer :

  • BIC
  • DCSA
  • EIPP SAB
  • EXIS
  • ITIGG
  • PROTECT
  • UN/CEFACT

Écosystème EDI : vue globale

Ici un paragraphe pour voir plus grand qu'à travers la lorgnette de l'EDIFACT et du SMDG, qui possèdent de nombreux cousins.

Quelques organismes normatifs (Les cousins du SMDG)

  • GS1 EDI set of standards developed the GS1 predominant in global supply chain
  • Odette
  • GALIA
  • OpenPEPPOL
  • ANSI (American National Standard Institute)
  • AIAG (Automotive Industry Action Group)

Quelques normes EDI/standards de messages (Les cousins de l'EDIFACT)

Les incontournables de la logistique

  • ASC X12 (Accredited Standard Committee) en Amérique du Nord.
  • UN/EDIFACT dans la quasi-totalité du monde

Santé

  • HL7 standard de données qui vise l'interopérabilité pour les services de santé
  • SCRIPT est un standard du National Council for Prescription Drug Programs (NCPDP) sur la transmission électronique des ordonnances médicales.

High-tech

  • RosettaNet est répandu dans les milieux de la fabrication de composants électronique. Il est développé par GS1.

Les échanges gouvernementaux

  • Peppol (Pan-European Public Procurement Online) sur les passations de marchés transfrontaliers en implémentant notamment de la facturation électronique. Il repose sur de l'AS2 ou AS4, les points d'accès PEPPOL acceptent de l'EDIFACT, Factur-X, XML, PDF…

L'automobile

  • VDA (Verband der Automobilindustrie) est utilisé dans le milieu automobile européen, essentiellement en Allemagne.

Le serpent qui se mord la queue

  • SAP IDoc (Intermediate documents). Standardisation pour échanger de l'info entre un système SAP et un système non-SAP. C'est une réimplémentation de l'EDIFACT et de X12 dans l'écosystème SAP. On lutte comme on peut contre les monstres que l'on crée.

Le truc meta

  • SEF (Standard Exchange Format). Schéma de fichier texte qui contient l'implémentation guideline en format hybride lisible par l'homme et déchiffrable par un système informatique. C'est une forme de perfectionnisme assez poussé qui encode la norme et permettrait de configurer un logiciel automatiquement via fichier texte (modulo la configuration préalable de la traduction de ce fichier dans chaque logiciel). Si quelqu'un a implémenté cette norme, qu'il se dénonce et illumine la communauté.

Quelques subsets EDI/sous-standards de messages (Les petits frères et neveux de l'EDIFACT)

  • EANCOM (European Article Number Communication). Sous-ensemble EDIFACT sur un périmètre large d'activités commerciales entre un acheteur, un transporteur, un fournisseur et une banque (devis, bon de commande)
  • IATA Cargo-IMP (International Air Transport Association Cargo Interchange Message Procedures). Pour les compagnies aériennes et leurs tiers.
  • ODETTE (Organization for Data Exchange by Tele Transmission in Europe). Sous-ensemble EDIFACT sur l'automobile européenne.
  • Edig@s (EDIGAS). Sous-ensembles EDIFACT également compatible XML sur le commerce, le transport et le stockage du gaz (via pipeline ou container). Dérivé de l'EDIFACT mais également compatible avec une syntaxe XML.
  • TRADACOMS. Standard développé par l'ANA (Article Number Association, désormais GS1 UK) pour l'industrie du retail au Royaume-UNi. En réalité c'est un subset d'une norme précurseure de l'EDIFACT : l'UN/GTDI. TRADACOMS est obsolète au profit d'EANCOM mais est encore largement utilisé au Royaume-Uni.
  • HIPAA (Health Insurance Portability and Accountability Act). Sous-ensemble X12 dans le domaine des assurances maladies.

Quelques protocoles/standards de communication (Les cousins des VAN)

  • AS1
  • AS2 (créé en 2002 par Walmart)
  • AS4
  • Email
  • FTP, SFTP and FTPS
  • HTTP/HTTPS
  • OFTP (and OFTP2)

Ordres de grandeur

Ces ordres de grandeur n'engagent que leurs sources (et ceux qui y croient)

  • Avec Factur-X, la réduction du coût brut d’une facture qui aujourd’hui s’évalue en moyenne à 8,75 euros/facture. Ce coût serait divisé par 3, passant d’une facture de presque 9€ à 3,2€ (source GALIA / GS1).
  • Selon GS1, avec la Factur-X, réduction de moitié (Etude Arthur D. Little pour Deskom) du coût global d’une facture sur toute la chaîne de traitement (estimé à 22e en format papier) et diminution du temps de traitement de 30%.
  • According to the 2008 Aberdeen report "A Comparison of Supplier Enablement around the World", only 34% of purchase orders are transmitted electronically in North America. In EMEA, 36% of orders are transmitted electronically and in APAC, 41% of orders are transmitted electronically. They also report that the average paper requisition to order costs a company $37.45 in North America, $42.90 in EMEA and $23.90 in APAC. With an EDI requisition to order, costs are reduced to $23.83 in North America, $34.05 in EMEA and $14.78 in APAC.

Un avenir radieux ?

L'évolution du marché semble donner tort aux clichés convaincus que la technologie EDI est vouée à disparaître car préhistorique, probablement parce qu'elle a investi un périmètre si large qu'elle ne peut être remplacée que dans le cadre de projets informatiques lourds, risqués et aux bénéfices pas toujours évidents. On a un peu affaire à un syndrome du "Too big to fail" alors même que ses manquements sont largement reconnus et que des technologies plus récentes comblent ces lacunes.

Parmi les évolutions entrevues :

  • Des capteurs IoT incorporés à l'emballage des colis expédiés et liés à des messages EDI réguliers pour améliorer la visibilité de l'état des colis quasi en temps réel.
  • La technologie de blockchain en tant que technologie sous-jacente des flux d'informations EDI pour les expéditions, afin de partager les faits et de contribuer à résoudre rapidement les contestations liées à la refacturation, voire à les éliminer.
  • Un agent IA pour surveiller tous les événements et informations pertinents liés à une expédition et capable d'identifier un événement non conforme. Les agents IA peuvent également déterminer si une réexpédition est nécessaire, analyser la source de remplacement la plus efficace, lancer une nouvelle expédition et accepter un retour autorisé.

Conclusion

Il n'est peut-être pas nécessaire d'inclure l'EDI au programme des écoles primaires francophones pour lutter contre la radicalisation, néanmoins la démystification de ce qui n'est finalement qu'un bête fichier texte lisible par un humain pourrait simplifier certains débats.